Nordique : Hávamál ou les dits du Très Haut : Le Rünatal Odins



Introduction :

Le Hávamál est un recueil de conseils, dispensés par le Père de Toutes Choses à savoir Odin, pour la vie quotidienne et la spiritualité. Odin représente l'initié, celui qui ose les sacrifices pour la connaissance et la sagesse. Il est le Dieu Suprême et changeant. Il n'hésite pas à vagabonder et à se mêler aux hommes afin de comprendre leur faiblesse, leurs habitudes et leurs passions.

Le Hávamál est formé de deux textes anciens : le Löddfafnismal et le Rünatal Odins.

Le Löddfafnismal est un long poème reprenant les multiples aspects de la vie quotidienne et enseignant donc l'éthique et la psychologie des Hommes du Nord. Il montre les conséquences de nos actes et pensées. Odin nous enseigne ici une sagesse primordiale accessible à tous grâce à la tradition orale.

Le Rünatal Odins, pour sa part, raconte comment Odin entra en possession et dompta les runes est un texte plus complexe et obscure car il concerne directement les secrets des runes. Elles ne sont pas nominativement citées afin qui seuls les méritants, ceux qui veulent en apprendre davantage, ceux qui ont soif de savoir, puissent apprendre à les maîtriser.

J'ai décidé, dans un premier temps et afin de lancer la collection été, de vous livrer ici le Rünatal Odins. Si vous souhaitez découvrir la première partie du Hávamál, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire.


Le Rünatal Odins :



137

Je te livre ces conseils, Loddfàfnir,
Puisses tu en tirer profit si tu les suis,
Les louer si tu les apprends,
En t'attirer la Fortune si tu les écoutes :
Des remèdes existent contre de nombreux maux :
La terre contre l'ivresse, le feu contre les maladies,
Le chêne contre les mauvais sels, le grain de blé contre la sorcellerie,
Le seigne fouetté contre la rupture, la Lune contre les malveillances,
Les Runes contre l'Infortune, l'herbe contre les épidémies du bétail,
Et enfin l'argile pour rendre les flots inoffensifs.

138

J'étais pendu à l'arbre, balayé par les vents,
Pendant neuf longues nuits,
Transpercé par une lance,
Offert à Odin,
Me donnant à moi-même :
Là où le plus sage ne sait pas d'où provient la source,
Ni où vont les racines de l'Arbre sacré.

139

Ils ne me donnèrent pas de pain
Ni ne me donnèrent de cornes d'hydromel.
Je regardais en bas
Et, dans un grand hurlement,
Je ramassais les Runes ;
De cet Arbre alors je retombais.

140

Neuf Galdrs de pouvoir
J'apprenais du célèbre fils de Bolthor, père de Bestla :
Il me versa une coupe du précieux élixir,
Brassé dans le chaudron enchanté d'Othrônir.

141

Croissant et récoltant les fruits de la sagesse,
De mot en mot, les mots me vinrent,
D'action en action, les actions s'accomplirent.

142

Les Runes tu trouveras, et les signes tu traduiras,
De très puissants signes,
De très forts signes,
Signes que le Sage colora,
Façonnés par les puissants Ases,
Gravés par le dieu prophétique.

143

Odin pour les dieux, Dain pour les Alfes,
Dvalin aussi pour les Nains,
Asvid pour les Géants,
Et quelques-unes que je taillais moi-même :
Les hommes seraient les gardiens de celles-ci.

144

Sais-tu comment les tailler ?
Sais-tu comment les interpréter ?
Sais-tu comment les peindre ? comment les mettre à l'épreuve ?
Sais-tu comment les invoquer, comment les sacrifier ?
Sais-tu comment les offrir ?
Sais-tu comment les effacer ?

145

Mieux vaut ne pas trop les invoquer que de trop les engager
Car un don réclame toujours un retour ou un échange ;
Mieux vaut ne pas trop les invoquer que de les effacer,
Thundr (Odin) les grava avant les origines des peuples,
Il ressuscita au retour de sa quête.

146

Le premier Galdr que je connais
Est inconnu des Reines et de leurs fils :
Aide il est appelé,
Car de l'aide il peut en donner
Dans les moments de douleur, de conflits et de tristesse.



147

J'en connais un second
Que les fils des Hommes
Doivent apprendre s'ils souhaitent être craints.

148

J'en connais un troisième :
Au plus fort de la bataille,
Si la volonté est assez forte,
Il émoussera le tranchant des épées ennemies ;
Ni leur ruses, nu leurs armes ne feront plus de blessures alors.

149

J'en connais un quatrième :
Si les ennemis m'attachent et m'entravent
Avec les plus solides chaînes,
La psalmodier fera sauter les fers de mes chevilles
Et libérer les liens de mes poignets.

150

J'en connais un cinquième :
Si je vois une flèche sifflant
A l'encontre de mon armée,
Elle ne volera alors assez vite pour que mes doigts ne puissent l'attraper
Et la retenir dans les airs de ce seul regard.

151

J'en connais un sixième :
Si un fougueux guerrier
Grave les Runes sur les racines d'un jeune arbre
Avec l'intention de faire le mal,
Il retournera le sortilège
Blessant l'homme de haine mais pas moi.

152

J'en connais un septième :
Si je vois la halle
En feu autour du banc de mes amis,
Bien que les flammes soient chaudes,
Nulles brûlures ne les blesseront alors
Si je choisis de psalmodier ce Galdr.

153

J'en connais un huitième :
Le plus utile pour les hommes
Si la haine envahit le cœur des guerriers ;
Il les calmera bientôt et les guérira de ce mal.

154

J'en connais un neuvième :
Lorsque j'ai besoin d'un havre
Pour mon bateau pris sous les eaux démontées,
Le vent il calmera, les vagues il apaisera,
Et la mer il endormira, ses tourbillons se refermant.

155

J'en connais un dixième :
Si les redoutés et mauvais démons des vents
Chevauchent les airs,
Je peux faire en sorte qu'ils errent égarés,
Incapables de retrouver leur forme,
Incapables de retrouver leur âme.

156

J'en connais un onzième :
Lorsque je mène une bataille avec de vieux compagnons d'armes,
J'ai seulement à le psalmodier derrière leurs boucliers
Et sans blessures ils iront à la guerre,
Sans égratignures ils en reviendront,
Sains et saufs d'où qu'ils se soient rendus.

157

J'en connais un douzième :
Dans un arbre,
Si j'y vois un pendu oscillé à sa corde,
Je peux graver et peindre des Runes
Qui feront parler le cadavre
Et répondre à tout ce que je demande.

158

J'en connais un treizième :
Si je jette une coupe d'eau sur un guerrier,
Il ne tombera pas dans la bataille,
Même la plus féroce,
Ni ne tombera par l'épée.

159

J'en connais un quatorzième que peu connaissent :
Si je raconte à une troupe de guerriers
Les faits des Géants, des Alfes et des Ases,
Alors je les nommerais un par un,
Prouvant que seul le sage a la connaissance de toutes ces choses.

160

J'en connais un quinzième :
Que Thjadrerir le Dverg,
Psalmodiait devant les portes de Delling ;
Il donne le pouvoir aux Dieux, la gloire aux Alfes
Et la clairvoyance à Hroptatyr.

161

J'en connais un seizième :
Si je vois une fille
Dont j'aimerais gagner l'amour,
Je peux retourner ses pensées et toucher son cœur de telle façon
Que toute femme à la peau blanche se donnera à moi.

162

J'en connais un dix-septième :
Si je le psalmodie
La vierge à son tour s'abandonnera à moi.

163

J'en connais un dix-huitième
Que je ne raconterais jamais,
A une femme ou à l'épouse d'un homme,
Car il est le secret de la vie et de la mort,
Sauf à celle qui est enlacée dans mes bras
Ou alors à ma propre sœur.

164

Apprendre à les chanter, Loddfàfnir,
Te prendra beaucoup de temps
Mais ils te seront secourables si tu les comprends,
Utiles si tu t'en sers,
Nécessaires si tu en as besoin.
Le Très Sage prononça tous ses mots dans la halle,
Il est nécessaire que les hommes s'en souviennent,
Inutiles que les trolls les apprennent !

Salutations au conteur,
Salutations à l'érudit celui qui sait,
La joie pour celui qui a compris,
L'enchantement pour ceux qui ont écouté.



Selon une adaptation de la traduction de R. Royer

Edda Poétique















Commentaires